Présentation à la journée BlueHats au salon de l’Open Source Experience 2021.

Je suis qui ?

Jean-Christophe Helary,

  • Traducteur basé au Japon depuis 1997
  • Actif dans le domaine du logiciel libre depuis à peu près la même époque
  • En particulier dans la traduction et localisation
  • Actif dans le projet OmegaT depuis sa sortie (novembre 2002)
  • Petit entrepreneur (agence de traduction) depuis 2003
  • Intervenant extérieur dans le M2 de traduction technique de l’université de Lorraine depuis octobre

Je sais que cette présentation est un peu prétentieuse. Je ne suis qu’un traducteur, absolument pas spécialiste des questions de résilience, et si vous vous intéressez à ce sujet, je vous conseille le texte de Cécile Asanuma Brice paru récemment à La maison des sciences de l’homme et intitulé « Fukushima, 10 ans après »…

OmegaT c’est quoi ?

  • OmegaT c’est un logiciel libre (GPL3+) qui tourne sur Java (Java 8+)
  • et qui rentre dans la catégorie des outils de Traduction Aidée par Ordinateur (TAO), c’est calmant
  • en anglais c’est Computer Aided Translation (CAT), c’est calmant aussi
  • depuis le début, OmegaT est développé par des professionnel(le)s de la traduction, par leurs épou(x|ses), à titre entièrement bénévole.
  • le DGT de l’Union européenne a contribué du code, le gouvernement sud-africain a un projet basé sur OmegaT, des entreprises petites et grosses ont contribué du code… etc.

La résilience, c’est quoi ?

À l’origine un concept en psychologie et en physique des matériaux, décliné dans des dizaines de domaines, et transformé aujourd’hui en injonction : les travailleurs et les populations doivent être résilientes et ceci relève de leur responsabilité…

Le problème c’est que ces questions de résilience impliquent la notion de choc, de violence. Que ce soit sur un matériau ou sur l’être humain (et aujourd’hui sur les populations qui deviennent vouées à subir ces chocs) le concept n’intervient que dans sa relation avec la violence subie par l’objet.

Est-ce que l’objet sujet de la violence arrivera à reprendre une forme qui lui permette de fonctionner, ou sera-t-il irrémédiablement brisé ?

Préparation, résistance ?

Il est clair qu’avant d’avoir à tester sa résilience, sa capacité à revenir à un état fonctionnel (et je ne m’étends pas sur l’utilisation du terme « fonctionnel » quand je parle de travailleurs, d’êtres humains et de sociétés humaines), il est important de se mettre en situation où la violence n’aura pas lieu, où elle aura le moins d’effets possibles.

Il est donc important d’accepter que la violence soit possible pour pouvoir se préparer à la subir, et même en amont, agir pour résister et éviter d’avoir à la subir.

Tout ça fait bien sûr partie des nouveaux usages du terme résilience.

On peut agir en amont pour éviter d’avoir à tester sa résilience…

Les 4 libertés garanties par le logiciel libre

  • la liberté de faire fonctionner le programme comme vous voulez, pour n’importe quel usage (liberté 0) ;

  • la liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de le modifier pour qu’il effectue vos tâches informatiques comme vous le souhaitez (liberté 1) ; l’accès au code source est une condition nécessaire ;

  • la liberté de redistribuer des copies, donc d’aider les autres (liberté 2) ;

  • la liberté de distribuer aux autres des copies de vos versions modifiées (liberté 3) ; en faisant cela, vous donnez à toute la communauté une possibilité de profiter de vos changements ; l’accès au code source est une condition nécessaire.

Aujourd’hui, le monde de la traduction…

outils d’aide à la traduction

  • Pour la plupart privatifs

  • Pour la plupart, liés à des systèmes client-serveur où le traducteur perd son autonomie

  • Pour beaucoup qui enferment les ressources dans des formats opaques (normes libres, mais qui acceptent des exceptions privatives)

une productivité pour qui ?

  • On sait que la productivité du travail n’a pas cessé de croître depuis les années 50

  • Par contre, depuis les années 80, les gains de productivités ne sont plus redistribués aux travailleurs

  • Les outils de TAO apparaissent autour de 2000

  • La traduction automatique autour de 2010

  • Deepl autour de 2015

La violence du marché du travail

Les étudiants arrivent sur le marché du travail avec un Bac+5

Ce sont en majorité des femmes

Qui vont donc structurellement être moins payées que leurs pairs

Et qui vont en plus être mises dans des positions où les différences salariales seront en leur défaveur

Les logiciels libres ? OmegaT

La liberté qui compte ici, c’est la liberté 1

→ la liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de le modifier pour qu’il effectue vos tâches informatiques comme vous le souhaitez (liberté 1) ; l’accès au code source est une condition nécessaire ;

C’est-à-dire qu’il est primordial que les étudiants, et en particulier les étudiantes, sortent de leur M2 avec un bagage technique ou en tout cas le savoir qu’un tel bagage est à portée de leurs mains.

Et c’est cette liberté 1 qui peut leur permettre d’aboutir à cette prise de conscience : l’ordinateur n’est pas une boîte noire, c’est un outil qu’on peut maîtriser.

Le cours ne fait que 10 h, c’est donc très peu

  • Je parle donc beaucoup de technologie

  • Je leur montre le code et je leur explique les structures

  • Je leur fais lire des articles de recherche sur la traduction automatique

  • Je leur fais lire les normes, ainsi que des articles écrits par les auteurs des normes

  • Je les invite à des rencontres de traducteurs professionnels qui s’intéressent à cette liberté 1 pour leur montrer qu’une langue de programmation, finalement c’est du « chinois » pour tout le monde, mais qu’en tant que linguistes de formation on a les outils pour lire, comprendre et écrire des choses utiles, et donc, au final, socialement utiles.

Vidéo

En format .ogg

Sur Dailymotion: Journée BlueHats OSX 2021 - Utiliser OmegaT pour préparer les traducteurs à la résilience